Résumé

Lorsque la pandémie a débuté, des interventions bien coordonnées entre les différents niveaux d’administration ont visé à enrayer la transmission du COVID-19. En conséquence, l’augmentation des décès a été temporairement interrompue (Graphique .1). La maîtrise de la situation sur le plan de la santé publique a facilité la reprise des activités économiques suspendues. Néanmoins, compte tenu des récentes vagues de contamination par le COVID-19, une grande partie du pays a de nouveau été placée sous un régime de confinement strict. Le déploiement des vaccins a commencé lentement mais il s’est accéléré ces derniers mois, tandis que le pays commençait à passer d’une politique de tolérance zéro à l’égard du virus à une stratégie d’endiguement de sa propagation.

La récession de 2020 a été moins marquée que dans une majorité d’autres pays de l’OCDE (Graphique .2). Le PIB réel a enregistré un rebond en glissement annuel en juin 2021, s’établissant au-dessus de son niveau d’avant la pandémie. Le taux de chômage est tombé à 4.6 % en juillet 2021, après avoir atteint un pic de 7.4 % en 2020. Néanmoins, des indicateurs à haute fréquence laissent à penser que les mesures d’endiguement actuelles ont un effet négatif sensible sur l’activité économique.

Selon les prévisions de l’OCDE, la croissance annuelle de la production devrait être de 4 % en 2021 et de 3.3 % en 2022 (Tableau 1). L’économie devrait se contracter au troisième trimestre de 2021, avant que les restrictions appliquées au niveau des États fédérés puissent commencer à s’assouplir parallèlement à la hausse des taux de vaccination. La reprise qui s’ensuivra sera peut-être plus progressive qu’elle ne l’a été au cours des épisodes précédents, étant donné qu’elle va s’inscrire dans un contexte de transmission plus forte du COVID-19 dans la population.

Les risques et les incertitudes demeurent considérables. S’agissant des risques à la hausse, une nette accélération du rythme de la campagne de vaccination pourrait permettre un assouplissement précoce des mesures d’endiguement. Une fois que les activités économiques suspendues reprendront, la consommation des ménages pourrait aussi se redresser de manière étonnamment rapide compte tenu de l’ampleur de l’excès d’épargne accumulé. À l’inverse, de nouvelles vagues d’infections importantes par le COVID-19 dans d’autres États fédérés pourraient amplifier le choc subi par l’économie. En outre, des problèmes liés au déploiement des vaccins ou à l’hésitation vaccinale pourraient retarder le redémarrage de l’activité économique. Une montée des tensions diplomatiques avec la Chine pourrait aussi affaiblir encore les échanges commerciaux.

Des mesures de soutien macroéconomique d’une ampleur appropriée ont été adoptées rapidement au début de la pandémie. La relance budgétaire immédiate a été une des plus amples de la zone OCDE (Graphique .3), et la Banque de réserve d’Australie (RBA, Reserve Bank of Australia) a réduit ses taux directeurs et élargi la palette de ses instruments d’action, notamment en procédant à des achats d’obligations d’État. L’augmentation de la dette publique et les marges de manœuvre limitées des autorités monétaires héritées de la pandémie vont compliquer la gestion macroéconomique dans les temps à venir. Le cadre institutionnel a étayé la réaction économique vigoureuse des autorités à la pandémie, mais il pourrait être amélioré dans certains domaines. Une évaluation du cadre de politique monétaire devrait être réalisée et le cadre budgétaire renforcé. Par ailleurs, une réforme des impôts peut contribuer à rendre la situation des finances publiques plus viable et plus propice à la croissance.

À court terme, les autorités budgétaires devraient rester très réactives par rapport à l’évolution de la situation économique, notamment aux répercussions qu’auraient de nouvelles mesures d’endiguement de la propagation du COVID-19. Par ailleurs, la RBA peut étoffer encore son programme d’achat d’actifs et envisager de recourir, si nécessaire, à d’autres instruments de politique monétaire moins conventionnels. À mesure que la reprise s’installe, la RBA devrait en outre rester consciente des éventuels risques de hausse de l’inflation découlant de facteurs tels que les pénuries de main-d’œuvre.

À plus long terme, les tensions exercées sur les dépenses budgétaires s’accentueront. À politiques inchangées, les dépenses liées au vieillissement vont faire augmenter la dette publique d’ici à 2060. En outre, des investissements supplémentaires dans le système de sécurité sociale sont nécessaires, notamment pour compléter des réformes favorisant le dynamisme des entreprises et du marché du travail. Ainsi, le taux d’indemnisation du chômage devrait être encore rehaussé.

Une réforme des impôts est nécessaire. La forte dépendance de l’Australie à l’égard de l’imposition des revenus des personnes physiques accentue la vulnérabilité des finances publiques au vieillissement de la population. Heureusement, la voie à suivre est claire pour réformer la fiscalité de manière à améliorer la pérennité de la base d’imposition, renforcer la croissance économique et promouvoir la réalisation d’autres objectifs prioritaires du gouvernement, tels que l’amélioration de l’accessibilité financière du logement et l’inversion de la tendance au creusement des inégalités de revenu et intergénérationnelles, que l’on observe dans de nombreux pays. Les autorités devraient relever le taux de la taxe sur les biens et services ou en élargir l’assiette, en compensant tout effet régressif par de nouvelles baisses de l’imposition des revenus des personnes physiques (en particulier pour les travailleurs aux revenus moyens ou modestes), et réduire les allègements fiscaux relatifs aux pensions privées ainsi que les déductions d’impôt accordées au titre des plus-values. En outre, davantage d’États fédérés devraient remplacer les droits de timbre par un impôt foncier périodique judicieusement conçu.

La situation budgétaire était solide au début de la pandémie. Suivant sa stratégie budgétaire révisée il y a peu de temps, le gouvernement doit soutenir l’économie jusqu’à ce que la reprise soit fermement engagée et que le taux de chômage ait retrouvé son niveau d’avant la pandémie (5 %) ou s’établisse en deçà, pour s’attacher ensuite à stabiliser puis à réduire la dette publique à moyen terme. À mesure que l’échéance de cette transition se rapproche, les autorités devraient définir une stratégie budgétaire à moyen terme comportant des objectifs assortis de délais spécifiques ou correspondant à des résultats économiques mesurables.

Dans les temps à venir, la stratégie budgétaire du gouvernement devrait faire l’objet d’une évaluation et d’un suivi réguliers de la part d’une institution budgétaire indépendante. L’Office parlementaire du budget (PBO, Parliamentary Budget Office) est une institution crédible et indépendante qui pourrait s’acquitter de cette tâche dans le cadre de son mandat actuel. En confiant explicitement de telles responsabilités à une institution budgétaire indépendante, les autorités renforceront la transparence et l’obligation de rendre des comptes en matière de politique budgétaire

Certains signes indiquaient que des vents contraires structurels soufflaient sur l’économie lorsque la pandémie a débuté. Comme dans de nombreux autres pays de l’OCDE, la croissance de la productivité et celle des salaires avaient nettement ralenti. Cela tenait en partie à l’affaiblissement du dynamisme des entreprises et de la mobilité sur le marché du travail. Les petites entreprises jeunes ont ensuite été touchées très durement par la pandémie. Dans les temps à venir, les perspectives d’évolution de cette catégorie d’entreprises revêtent une importance toute particulière, étant donné qu’elle représente généralement une part disproportionnée des créations d’emplois et de l’investissement en Australie.

Les procédures réglementaires sont relativement complexes et le système d’autorisations et de permis est lourd comparé à ceux d’autres pays de l’OCDE. Cela peut ralentir le nécessaire redéploiement des ressources. Les réformes en cours du système d’autorisations professionnelles sont bienvenues, une première étape résidant dans l’adoption la plus large possible par les États fédérés de la reconnaissance mutuelle automatique des autorisations entre juridictions. En outre, une réforme générale des règles d’occupation des sols aurait dû avoir lieu depuis bien longtemps. Au-delà de l’harmonisation et de la simplification du système de zonage au niveau des États fédérés, renforcer l’autonomie budgétaire des collectivités locales peut les encourager à autoriser l’installation sur leur territoire de nouveaux ménages ou entreprises.

Les établissements financiers ont nettement contribué à amortir le choc économique. Pour promouvoir une reprise durable, il sera essentiel d’engager des réformes améliorant l’accès au crédit des petites entreprises jeunes et protégeant celles qui sont financièrement vulnérables.

La révolution numérique des services financiers peut améliorer la capacité des prêteurs de déterminer le risque de crédit représenté par un emprunteur en l’absence de garanties ou d’antécédents. Cela peut faciliter l’accès des jeunes entreprises à de nouvelles sources de financement. Une extension du système bancaire ouvert destinée à faciliter les changements de prestataires pourrait permettre un renforcement on ne peut plus nécessaire de la concurrence sur le marché du crédit et améliorer l’accès aux financements.

Le registre des sûretés mobilières (PPSR, Personal Property Securities Register) constitue une bonne base pour favoriser l’utilisation d’actifs immatériels comme garanties. Cela revêt une importance toute particulière pour les jeunes entreprises innovantes. Néanmoins, ce registre est considéré comme difficile à utiliser et manque de visibilité. Simplifier le système, réduire les coûts induits par le respect de la réglementation et mieux utiliser les technologies disponibles – notamment les technologies de gestion de la conformité réglementaire (RegTech) – contribueraient à la réalisation de son potentiel.

Le secteur financier a également un rôle à jouer pour garantir une reprise inclusive. La Commission royale chargée d’enquêter sur les agissements répréhensibles dans les services financiers a mis en lumière différentes pratiques ayant conduit à des comportements abusifs à l’égard de clients vulnérables, en raison de mécanismes d’incitation mal conçus. Le gouvernement devrait achever de mettre en œuvre les réformes correspondant aux recommandations de la Commission royale.

Le gouvernement fédéral a désormais pour objectif de ramener à zéro les émissions nettes de carbone dès que possible, et de préférence d’ici à 2050. Tous les États et territoires se sont maintenant engagés à parvenir à cette neutralité carbone d’ici à 2050. Néanmoins, pour que ce but soit atteint, il faudra que les émissions diminuent à un rythme nettement plus rapide (Graphique .4). La stratégie de réduction des émissions à long terme que le gouvernement est en train d’élaborer offre l’occasion de définir une politique climatique plus coordonnée, ambitieuse et stable, établissant des objectifs clairs et précisant les mesures à prendre pour les atteindre.

Le développement des technologies énergétiques propres est la voie qui a été retenue par les autorités pour réduire les émissions. L’Australie est dotée d’excellentes institutions publiques pour soutenir la recherche dans les énergies renouvelables et la commercialisation de projets à faibles émissions. On observe cependant un recul tendanciel de l’innovation écologique depuis dix ans, et il faut renforcer les incitations à l’innovation et à l’adoption de nouvelles technologies à faibles émissions. Un prix national du carbone constituerait assurément le moyen le plus efficace d’y parvenir, mais pour des raisons politiques, il faudra sans doute en lieu et place étoffer les instruments économiques existants, comme le mécanisme de sauvegarde (un système de compensation obligatoire des émissions de carbone supérieures à un niveau de référence, qui s’applique aux gros émetteurs). Cela devrait s’accompagner de mesures destinées à faciliter la transition des travailleurs amenés à quitter les secteurs producteurs d’énergies fossiles.

Le secteur financier peut également jouer un rôle clé dans la transition vers une économie bas carbone. Établir une feuille de route pour améliorer la cohérence, la comparabilité et la qualité des informations communiquées par les sociétés cotées et les établissements financiers sur les risques liés au climat permettrait d’améliorer l’affectation du capital et de soutenir l’investissement dans les projets destinés à réduire les émissions.

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