Éditorial : L’amorce d’une reprise

Un optimisme prudent a commencé à gagner l’économie mondiale, malgré une croissance modeste et l’ombre persistante des risques géopolitiques. Le recul de l’inflation est plus rapide que prévu, et les marchés du travail restent vigoureux, avec un taux de chômage à son plus bas niveau ou proche de l’être. Dans le secteur privé, la confiance s'améliore. Pour autant, les effets du durcissement des politiques monétaires sont perceptibles, notamment sur les marchés du logement et du crédit.

Cette reprise qui s'amorce diffère dans ses modalités selon les régions du monde. Les États-Unis et un certain nombre de grands marchés émergents continuent d’afficher une forte croissance, contrairement aux économies européennes. Le paysage macroéconomique devrait rester contrasté, le repli de l’inflation et des taux d’intérêt étant plus ou moins rapide et les besoins d’assainissement budgétaire plus ou moins importants.

Malgré des perspectives plus équilibrées sur le plan des risques, des préoccupations majeures subsistent. Les fortes tensions géopolitiques, notamment au Moyen-Orient, pourraient venir perturber les marchés de l’énergie et les marchés financiers, provoquant une envolée de l’inflation et un ralentissement de la croissance. Le service de la dette représente déjà une charge importante, qui pourrait s'alourdir davantage au fur et à mesure du refinancement des emprunts à faible rendement ou de la renégociation des taux des emprunts à terme fixe. Les attentes d’une poursuite de la baisse régulière de l’inflation pourraient également s’avérer inappropriées.

À moyen comme à long terme, la situation budgétaire est préoccupante. Les pouvoirs publics doivent faire face à un endettement croissant, ainsi qu’à la hausse des dépenses requise par le vieillissement démographique, l’atténuation du changement climatique et les besoins en matière de défense. La hausse du coût du service de la dette amplifie la dégradation de la viabilité budgétaire. Il n’y a jamais un moment idéal, mais les conditions actuelles permettent d’engager dès à présent le redressement des finances publiques. Une approche à moyen terme et ferme s'impose pour maîtriser les dépenses, accroître les recettes et centrer les efforts des pouvoirs publics sur des réformes structurelles favorisant la croissance.

La croissance étant décevante, cela appelle à renforcer les échanges mondiaux et la productivité. Les politiques commerciales et industrielles devraient viser à assurer la résilience des chaînes de valeur mondiales, en favorisant leur diversification sans compromettre les avantages de l’ouverture des échanges. Dans le même temps, l’accélération de la décarbonation exige de la part des pouvoirs publics des mesures ambitieuses, par exemple investir dans les infrastructures vertes et numériques, relever la tarification du carbone et promouvoir les transferts de technologies. Les progrès de l’intelligence artificielle (IA) offrent des perspectives de gains de productivité aussi bienvenues qu’indispensables. Pour que ces avantages puissent se concrétiser et être largement partagés, des investissements dans l’éducation et la formation, et une politique de la concurrence solide, cohérente au niveau international, seront essentiels.

Le 2 mai 2024

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Clare Lombardelli

Cheffe économiste de l’OCDE

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