4. Travail et qualité de l’emploi

Dans les pays de l’OCDE en moyenne, 77 % de la population adulte (c’est-à-dire âgée de 25 à 64 ans) occupent un emploi (Graphique 4.2), la proportion allant de 87 % en Islande à moins de 60 % en Turquie. De façon générale, le niveau d’emploi est plus bas dans les pays d’Europe du Sud et en Amérique latine, et plus élevé dans les pays d’Europe centrale et du nord, au Japon et en Nouvelle-Zélande. Depuis 2010, année de peu postérieure à la crise, la part des adultes occupés dans la zone OCDE a augmenté de 5 points de pourcentage, les plus fortes progressions étant relevées en Hongrie (+14 points), et dans les pays baltes (+10 points environ). En Grèce et au Brésil, cependant, la proportion d’actifs occupés demeure inférieure à sa valeur de 2010 (de 4 points).

Les statistiques d’emploi indiquées ci-avant n’englobent pas les jeunes et les jeunes adultes (15-24 ans), car beaucoup de personnes de cette tranche d’âge suivent des études ou une formation à plein temps. De fait, lorsque la population prise en compte pour le calcul du taux d’emploi est celle des 15-64 ans, les pays qui affichent des taux élevés de fréquentation de l’enseignement secondaire du deuxième cycle et de l’enseignement supérieur ou du système de formation professionnelle sont pénalisés. Les possibilités d’emploi dont disposent les jeunes qui ne suivent pas d’études à plein temps n’en sont pas moins importantes. Dans les pays de l’OCDE en moyenne, un jeune sur dix est sans emploi et sorti du système éducatif (Graphique 4.3). La proportion de jeunes dans cette situation est de l’ordre de 5 % au Japon et en Islande, mais de plus de 20 % en Turquie et en Colombie. Depuis 2010, la part des jeunes sans emploi et sortis du système éducatif a baissé de 2 points de pourcentage en moyenne dans les pays de l’OCDE. Cependant, le recul a été beaucoup plus prononcé en Lettonie (-11 points), en Grèce (-6 points), en Irlande, en Espagne et en Turquie (-5 points). Durant la même période, ce taux est resté stable et élevé au Chili et a légèrement augmenté en Colombie.

Le chômage de longue durée recense les personnes qui sont au chômage depuis un an ou plus, mais qui ont activement cherché un emploi au cours des quatre semaines précédentes et peuvent commencer à travailler dans un délai de deux semaines. Si la plupart des épisodes de chômage sont généralement de courte durée, le chômage de longue durée hypothèque grandement le bien-être des individus et de leur famille. Dans les pays de l’OCDE en moyenne, 2.1 % de l’ensemble des actifs sont au chômage depuis un an ou plus (Graphique 4.4). La Grèce et l’Afrique du Sud sont les pays où le taux de chômage de longue durée est le plus élevé (respectivement, presque 14 % et 17 %), et le Mexique et la Corée ceux où il est le plus bas (presque zéro). Depuis 2010, la part des chômeurs de longue durée a diminué d’environ 1 point de pourcentage dans la moyenne des pays de l’OCDE, les pays baltes et l’Irlande se prévalant des plus fortes baisses (entre 6 et 8 points). En revanche, le taux de chômage de longue durée a augmenté depuis 2010 en Grèce (+7 points), en Afrique du Sud (+3 points) et en Italie (+2 points).

Tous les travailleurs sont confrontés au risque de perdre leur emploi, mais les conséquences ne sont pas les mêmes pour tous. Dans les pays de l’OCDE en moyenne, la perte monétaire attendue en cas de chômage et de maintien au chômage en pourcentage du salaire antérieur était de l’ordre de 5 % en 2016 (Graphique 4.5). Cet indicateur mesure à la fois le risque pour une personne de perdre son emploi et les protections dont elle peut bénéficier si ce risque se matérialise, c’est-à-dire les programmes de protection sociale accessibles aux chômeurs. Il s'échelonne entre 8 % dans les pays d’Europe du Sud, en République slovaque et en Turquie (dépassant 20 % en Grèce) et tout juste 2 % en Islande et en Allemagne. Entre 2010 et 2016, la mesure moyenne de l’insécurité sur le marché du travail calculée par l’OCDE a diminué de 1 point de pourcentage, l’Estonie, la Lettonie et la Hongrie enregistrant des baisses beaucoup plus importantes (entre 7 et 8 points). Durant la même période, cependant, l’insécurité sur le marché du travail a augmenté dans plusieurs pays où elle était déjà élevée, notamment en Grèce (+11 points), en Espagne (+5.1), en Italie (+2.3) et au Portugal (+1). Elle s’est également accentuée en Norvège (+1.2), mais en partant d’un niveau plus bas.

Les salaires sont une composante importante de la qualité de l’emploi. Le salaire brut moyen annuel des salariés à temps plein est de 41 500 USD pour l’ensemble de la zone OCDE (Graphique 4.6), allant de moins de 20 000 USD au Mexique à plus de 60 000 USD aux États-Unis, en Islande, au Luxembourg et en Suisse. Dans les pays de l’OCDE en moyenne, cet indicateur a augmenté de 7 % en termes réels (environ 2 700 USD) en valeur cumulée entre 2010 et 2018. Les pays qui ont enregistré les plus fortes hausses sont l’Islande (+45 %), suivie des pays baltes et de la Pologne (entre 23 % et 41 %). Les déclins les plus marqués ont été relevés en Grèce (-15 %) et dans les autres pays d’Europe du Sud : Espagne et Portugal (-6 %) et Italie (-3 %).

Pour avoir une indication de la distribution des salaires au sein des pays, on peut se référer au ratio entre les salaires du 90e centile (qui marque le début de la tranche des 10 % supérieurs) et les salaires du 10e centile (début de la tranche des 10 % inférieurs). Dans les pays de l’OCDE en moyenne, les salariés du 90e centile gagnent plus de trois fois plus que les salariés du 10e centile (Graphique 4.7). Le ratio s'échelonne entre 5 aux États-Unis et en Israël et 2 en Suède et en Italie.

Les salariés à temps plein qui perçoivent moins de deux tiers du salaire brut médian calculé pour l’ensemble des salariés à temps plein sont considérés comme ayant un faible salaire. Dans les pays de l’OCDE en moyenne, 15 % des salariés à temps plein ont un faible salaire, la proportion allant de 25 % aux États-Unis et en Lettonie à moins de 5 % en Belgique et en Turquie.

Le stress au travail est un indicateur de qualité de l’environnement professionnel. Il désigne une situation dans laquelle les exigences auxquelles les salariés sont confrontés dans leur travail (exigences physiques, intensité de travail, horaires de travail très peu souples) excèdent les ressources dont ils disposent pour y faire face (autonomie dans l’exécution des tâches, formation, évolution de carrière). En moyenne, près d’un tiers des salariés des pays de l’OCDE vivaient une situation de stress au travail en 2015 (Graphique 4.8). Cette part est généralement plus élevée dans les pays d’Europe centrale et du Sud (culminant à presque 50 % en Grèce), alors qu’elle se situe aux alentours de 20 % dans les pays d’Europe du Nord et en Nouvelle-Zélande. Entre 2005 et 2015, la part des salariés en situation de stress au travail a diminué de presque 8 points de pourcentage en moyenne dans les pays de l’OCDE. C’est dans les pays d’Europe centrale et du Nord que la baisse a été la plus marquée (entre -15 et -16 points).

Les longs horaires de travail rémunéré empiètent sur le temps de loisir, le temps disponible pour s’occuper de soi et la capacité qu’ont les personnes de participer aux tâches domestiques non rémunérées (tâches ménagères et soins aux membres de la famille par exemple). Dans les pays de l’OCDE en moyenne, 7 % environ des salariés travaillent régulièrement 50 heures ou plus chaque semaine (Graphique 4.9). La proportion atteint plus de 25 % en Turquie, au Mexique et en Colombie, alors qu’elle est presque nulle en Suisse, aux Pays-Bas et en Lituanie. La part des salariés qui effectuent de longues heures de travail rémunéré a baissé de 1.7 point de pourcentage en moyenne depuis 2010, mais le recul a été beaucoup plus important en Turquie (-16 points), en Colombie (-9) et au Chili (-8). Dans quelques autres pays, cependant, la tendance s’est orientée à la hausse, Irlande en tête (+2 points).

Dans les pays de l’OCDE, les hommes âgés de 25 à 64 ans sont plus susceptibles que les femmes du même âge d’exercer un emploi (respectivement, 83 % et 70 % en moyenne). Les écarts de taux de chômage de longue durée entre les sexes sont beaucoup plus réduits, mais toujours favorables aux hommes (2 %, contre 2.2 % pour les femmes). Les jeunes hommes de 15-24 ans sont moins susceptibles d’être sans emploi et sortis du système éducatif que les jeunes femmes du même âge (10 % contre 12 %). Par ailleurs, les salaires horaires des hommes sont supérieurs de 13 % à ceux des femmes (Graphique 4.10). Si l'on tient compte des différences de temps de travail, de taux d’emploi et de l’écart salarial hommes-femmes, les revenus du travail des hommes sont supérieurs de 40 % à ceux des femmes (OCDE, 2019[1]). Cela étant, par rapport aux femmes, les hommes ont une probabilité plus élevée de 20 % d’être en situation de stress au travail, et ils sont plus susceptibles d’effectuer de longues heures de travail rémunéré (10 % des hommes salariés travaillent habituellement 50 heures ou plus par semaine, contre seulement 4 % des femmes salariées). Ces chiffres tranchent avec ceux constatés lorsque le temps de travail non rémunéré est également pris en compte (voir chapitre 10 sur l’équilibre vie professionnelle-vie privée) : il apparaît alors que les femmes travaillent en moyenne 25 minutes par jour de plus que les hommes dans les pays de l’OCDE.

Dans les pays de l’OCDE en moyenne, la probabilité d’exercer un emploi est plus faible de 50 % chez les jeunes adultes (15-24 ans) que chez les adultes d’âge moyen (25-54 ans). En comparaison des adultes d’âge moyen, les jeunes adultes ont aussi une probabilité plus élevée de 20 % d’être en chômage de longue durée et de subir du stress au travail, et leurs salaires horaires sont inférieurs de 30 %. Néanmoins, 5 % seulement des jeunes adultes travaillent régulièrement 50 heures ou plus par semaine (contre 8 % des adultes d’âge moyen). À l’autre extrémité du spectre des âges, la probabilité d’exercer un emploi est 20 % plus faible chez les seniors (55-64 ans) que les adultes d’âge moyen, et leur probabilité d’être en chômage de longue durée 30 % plus élevée. Cependant, ceux d’entre eux qui ont un emploi touchent un salaire horaire supérieur de 4 % en moyenne. À l'instar des travailleurs d’âge moyen, 27 % des travailleurs âgés sont en situation de stress au travail et 8 % travaillent habituellement 50 heures ou plus par semaine.

Dans les pays de l’OCDE en moyenne, les adultes âgés de 25 à 64 ans qui n’ont pas atteint le deuxième cycle du secondaire ont 30 % de chances de moins d’exercer un emploi que les adultes qui ont fréquenté l’enseignement supérieur. Lorsqu’ils occupent un emploi, leur salaire horaire est inférieur de 40 % ; ils sont plus de deux fois plus nombreux à subir du stress au travail ; et ils sont plus de trois fois plus susceptibles d’être en chômage de longue durée. Par contraste, les adultes ayant atteint le deuxième cycle du secondaire ont presque autant de chances d’exercer un emploi que les adultes ayant suivi des études supérieures – mais leur salaire horaire est inférieur de 30 %, et ils sont quatre fois plus nombreux à signaler une situation de stress au travail. Les adultes ayant atteint le deuxième cycle du secondaire présentent également un risque de 70 % plus élevé d’être chômeurs de longue durée que les adultes diplômés de l’enseignement supérieur.

Références

[2] BIT (2015), « What does NEETs mean and why is the concept so easily misinterpreted? », BIT, Programme sur l’emploi des jeunes, https://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/---dgreports/---dcomm/documents/publication/wcms_343153.pdf (consulté le 4 octobre 2019).

[4] BIT (2013), Decent Work Indicators: Guidelines for Producers and Users of Statistical and Legal Framework Indicators, ILO Manual, https://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/---dgreports/---integration/documents/publication/wcms_229374.pdf (consulté le 23 août 2019).

[6] Cazes, S., A. Hijzen et A. Saint-Martin (2015), « Measuring and Assessing Job Quality : The OECD Job Quality Framework », Documents de travail de l’OCDE sur les affaires sociales, l’emploi et les migrations, n° 174, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/5jrp02kjw1mr-en.

[1] OCDE (2019), Des emplois de qualité pour tous dans un monde du travail en mutation : La stratégie de l’OCDE pour l’emploi, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/4e6a92fa-fr.

[3] OCDE (2017), Guide de l’OCDE pour l’établissement de statistiques internationalement comparables dans le domaine de l’éducation : Concepts, normes, définitions et classifications, Éditions OCDE, https://doi.org/10.1787/9789264292116-fr (consulté le 4 octobre 2019).

[5] OCDE (2017), OECD Guidelines on Measuring the Quality of the Working Environment, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/9789264278240-en.

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