Table of Contents

  • On assiste depuis quelque temps à une accumulation de nouvelles préoccupantes concernant l’économie mondiale. La crise financière est la pire que le monde ait connu depuis la Grande dépression et trouver des moyens d’en sortir représente un des plus grands défis que nous ayons eu à affronter ces dernières décennies. Cet épisode nous met devant de dures réalités, dont la première est que, pour apporter une solution à la crise, nos dirigeants n’ont d’autre choix que de collaborer. En sa qualité de plaque tournante pour le dialogue sur les problèmes mondiaux, une OCDE renouvelée, plus plurielle et plus pertinente, contribue à ébaucher la voie à suivre. Les temps sont incertains, mais notre détermination ne mollira pas.

  • Le présent Rapport sur la coopération pour le développement, le premier à sortir sous mon égide puisque j’ai accédé à la présidence du CAD en février 2008, paraît à un moment mémorable – et plein de défis – de l’histoire du CAD. Avec le troisième Forum de haut niveau sur l’efficacité de l’aide qui vient de se terminer à Accra, nous percevons plus précisément que jamais ce que requiert la concrétisation des cibles fixées dans la Déclaration de Paris – et des Objectifs du millénaire pour le développement. Dans le même temps, il est tout à fait évident que des doses accrues des remèdes traditionnels n’y suffiront pas.

  • Le Rapport sur la coopération pour le développement est diffusé chaque année sous la responsabilité du président du Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE, instance dans le cadre de laquelle les principaux donneurs bilatéraux oeuvrent ensemble à l’amélioration de l’efficacité de leurs efforts conjoints à l’appui du développement durable. Il contient des données et des analyses sur les évolutions les plus récentes en matière d’aide internationale.

  • Ces dernières années, les pays donneurs ont déployé d’énormes efforts pour oeuvrer à la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement, mais si nous voulons éviter que la crise financière et économique n’efface les avancées obtenues de haute lutte, il faut mobiliser davantage de ressources encore. Il faut aussi assurer la pertinence, sur le plan stratégique, de la politique du développement face aux défis qui nous attendent, et faire en sorte qu’elle contribue à leur règlement. Dans ce chapitre, le président du CAD appuie son argumentation sur l’appel insistant lancé au troisième Forum de haut niveau sur l’efficacité de l’aide : la communauté du développement doit impérativement apporter des améliorations incontestables aux instruments de la coopération.

  • La fragmentation de l’aide est un sérieux obstacle à l’amélioration de son efficacité. Par fragmentation, on entend la dissémination de l’aide en un trop grand nombre de petites parts venant d’un trop grand nombre de donneurs, d’où des coûts de transaction élevés et, par là-même, la difficulté pour les pays partenaires de gérer efficacement leur propre développement. Le présent chapitre étudie le degré de fragmentation ou de concentration de l’aide, en s’appuyant sur les conclusions du Rapport sur l’enquête 2008 relative aux politiques d’affectation de l’aide et les plans de dépenses indicatifs réalisée par le Comité d’aide au développement (CAD). Les apports d’aide sont analysés au moyen d’une nouvelle mesure de l’aide, l’Aide-pays programmable (APP). Le présent chapitre ne se borne pas à étudier l’ampleur du phénomène, il aborde quelques-unes des solutions envisageables pour réduire la fragmentation de l’aide grâce à une plus efficace « répartition des tâches » entre les pays donneurs. 

  • La communauté internationale de l’aide met de plus en plus l’accent sur le rôle des pays en développement dans la gestion et l’affectation de l’aide qui leur est allouée. Or les efforts déployés par ces pays sont souvent contrariés par le manque de prévisibilité des apports d’aide – les donneurs ne révèlent pas toujours suffisamment tôt leurs plans de dépenses ou bien ne s’y tiennent pas. La nouvelle Enquête du CAD-OCDE, relative aux politiques d’affectation de l’aide et les plans de dépenses indicatifs, a pour objet de lever un certain nombre d’incertitudes en demandant aux donneurs de préciser leurs plans futurs, pour donner une vue d’ensemble des apports d’aide futurs qui puisse aider à recenser les déficits de ressources et les possibilités d’accroissement de l’aide dans les différents pays en développement. L’Enquête retrace les grandes évolutions des apports d’aide depuis 2005 et les combine aux chiffres prévisionnels fournis par les donneurs pour faire des projections de l’aide jusqu’en 2010; elle nous offre aussi une image détaillée de ces projections par région et par pays partenaire. Le présent chapitre fait la synthèse des principales conclusions de l’Enquête. Il présente également les résultats de l’Enquête sur la répartition de l’aide et les procédures budgétaires dans les pays donneurs. 

  • Plus de trois ans après son adoption, la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide tient-elle ses promesses? Ce chapitre présente quelques réponses à cette question. S’appuyant sur les données disponibles les plus récentes, notamment les résultats de l’Enquête 2008 de suivi de la mise en oeuvre de la Déclaration de Paris, de l’Évaluation (internationale) de la mise en oeuvre de la Déclaration de Paris et du Rapport d’étape, il montre que l’on a de solides raisons de penser que la mise en oeuvre de la Déclaration progresse, mais à un rythme trop lent. Les donneurs et les pays partenaires doivent redoubler d’efforts s’ils veulent respecter leurs engagements et atteindre les objectifs internationaux pour une aide efficace d’ici 2010. La Déclaration de Paris a acquis un vaste retentissement dans les sphères politiques; son application requiert une volonté politique de haut niveau pour créer la dynamique nécessaire à l’obtention de résultats.

  • Le développement n’a pas pour unique but de faire reculer la pauvreté : l’égalité hommes-femmes, le respect des droits de l’homme et la protection de l’environnement sont aussi des objectifs fondamentaux du développement. Et ce ne sont pas seulement des fins, mais aussi d’importants vecteurs de développement : comme le souligne The Economist, « Oubliez la Chine, l’Inde et l’Internet : le moteur de la croissance économique, ce sont les femmes ». Reste que, en dépit de tous les faits attestant des avantages à escompter de l’intégration de ces objectifs plus vastes dans le programme d’action à l’appui du développement, le passage à la pratique est souvent problématique. Les choses pourraient cependant être en train de changer : des éléments commencent à se faire jour sur les moyens de tirer parti de la mise en oeuvre de la Déclaration de Paris pour promouvoir l’égalité hommesfemmes, le respect des droits de l’homme et la protection de l’environnement. À partir d’études de cas réalisées dans divers pays, ce chapitre présente cinq enseignements utiles pour l’exploitation de la Déclaration de Paris au service de ces objectifs plus généraux. 

  • Les apports d’aide ont continué à progresser en 2007, si l’on exclut des chiffres les allégements de dettes exceptionnels. Ils n’ont toutefois augmenté que de 2 % par rapport à leur niveau de 2006. C’est bien trop peu pour que les engagements souscrits par les donneurs pour 2010 soient honorés. La lutte contre la pauvreté reste au coeur des préoccupations de la communauté des donneurs qui ont inscrit la réalisation des OMD parmi leurs objectifs de premier plan. Ils s’attachent ainsi à créer les conditions indispensables à la réussite de cet effort, notamment à assurer l’instauration de la croissance, d’une bonne gestion des affaires publiques et de la stabilité requise, et beaucoup articulent leurs programmes autour de buts précis. Ils entreprennent de réformer leurs systèmes de façon à pouvoir appliquer les principes relatifs à l’efficacité de l’aide et atteindre les objectifs énoncés dans le Programme d’action d’Accra. Ils ont élaboré des plans d’action, mis en place des dispositifs de suivi et fait davantage de place aux résultats. Ils insistent sur l’importance de l’appropriation par les pays partenaires et utilisent de nouvelles méthodes de travail : certains tentent la coopération déléguée, la participation à des programmes conjoints et, surtout, le soutien budgétaire direct et le soutien budgétaire sectoriel. Les donneurs s’acquittent de l’obligation qu’ils ont de soutenir la mise en oeuvre des Conventions de Rio en apportant des contributions au Fonds pour l’environnement mondial et aux Secrétariats des Conventions, ainsi qu’en instituant des programmes bilatéraux pour l’environnement. Si la plupart d’entre eux ont une politique de l’environnement, qu’ils appliquent en principe à toutes leurs activités d’aide, certains ont aussi créé des fonds pour financer les efforts de lutte contre le changement climatique et la déforestation. En 2008, le CAD a assuré la conduite de quatre examens par les pairs – ceux de l’Australie, de la France, du Luxembourg et de la Norvège – et procédé à un examen spécial du système de la République de Corée.